Enclave napolitaine dans la rue Saint-Vincent-de-Paul, Mangioni est une pizzeria où l’on compare volontiers les machines à café à leviers La San Marco à l’actrice Sofia Loren.
Il y a de la continuité dans la vie d’Andrea Virgilio. Tour à tour guitariste, chansonnier et serveur à Naples, cet Italien de 39 ans réunit aujourd’hui toutes ses passions chez Mangioni, le restaurant qu’il a ouvert en septembre 2019 avec deux associés, rue Saint-Vincent-de-Paul, dans le 10e arrondissement de Paris.
Mangioni (« Les Morfales » en italien) est une pizzeria d’auteur. En cuisine, Alessandro Simone Pasquali (maître pizzaïolo diplômé de la Pizza Italian Academy) assisté de Belzébuth (l’imposant four vert émeraude) déclinent toute la gamme des pizze et calzoni. La carte s’ouvre sur La Margherita (sauce tomate, mozzarella, basilique) et se referme sur La Carciofa (provola fumée, mozzarella, jambon de Parme, artichauts). Entre les deux, le menu invite tour à tour les anchois, les fleurs de câpres, le jambon cuit et la truffe noire à tenir leur rôle de solistes.
« Une bonne pizza, c’est une pizza à la pâte légère, qui s’est reposée puis a levé pendant 24 à 48 heures. Elle a beaucoup de parfums à commencer par ceux de la tomate bien cuite, avec des couleurs vives sans être agressives. Avec elle, on a le sentiment d’être en famille : elle donne envie de chanter », commente Andrea.
La machine à café à leviers La San Marco joue sa partition dans cette ambiance de fête où tout est fait main. « Comme Sofia Loren, la Leva n’est pas italienne, elle est napolitaine ! s’exclame Andrea. A Naples, tous les cafés ont cette machine. Elle a du style. Elle est élégante. Elle donne un charme fou au café. »
Musique acoustique et angioletti
Dans ce restaurant de 45 couverts, la 85 Leva de La San Marco extrait un espresso italien que Segafredo a adapté au goût français. « C’est un bon café, vante Andrea. Il est serré, crémeux, avec une belle longueur en bouche. Quand je le bois, j’ai le sentiment d’être accoudé au comptoir d’un bar napolitain, là où j’aime venir avec des amis pour contempler les nuages de vapeur qui sortent de la Leva et pour philosopher ».
Charme supplémentaire et gage de robustesse, la Leva est presque entièrement mécanique « comme le moteur d’une ancienne Alfa Romeo ». L’établissement se calque sur la machine pour distiller une bande-son qui se passe d’artifices électroniques. Ainsi à l’heure du limoncello, il n’est pas rare d’entendre la dernière pépite acoustique des Pinguini Tattici Nucleari, « Jack il melo drammatico », chanson qui raconte les amours mélancoliques d’un pommier avec une plante en plastique « sans vie ni sentiments ».
« La restauration est un art qui nécessite un grand savoir-faire et une grande envie de faire plaisir aux gens. Il faut avoir un peu un ego d’artiste, quand on travaille en cuisine, en salle ou au bar », soupire Andrea en servant une assiette d’angioletti à des clients. La recette de ce dessert à base de petits morceaux de pâte à pizza frite couverts de pistaches, noisettes et nutella vient tout droit d’un autre lieu où le bon est indémêlable du beau. Etablissement napolitain historique, la pizzeria Starita tient un rôle particulier dans un film où brille Sofia Loren : L’Or de Naples !
Mangioni
23 rue Saint Vincent de Paul
75010 Paris
07 55 06 23 52